Du mal-être à la régénération
Retisser son rapport au monde en Corée du Sud
Sinbondong, Corée du Sud
Lana Charron
Jury :
Chris Younès - Directeur(trice) de Diplôme
Lionel Lemire - Président(e) de Soutenance
Emmanuel Choupis - Enseignant(e) Extérieur(e)
David-Pierre Jalicon - Expert(e)
Arthur Pak - Jeune Architecte DESA
Bernard Delage - Candide
L’architecture, par son lien avec notre univers mental, dessine nos relations avec la moindre chose qui nous entoure, et se présente comme un outil dans la crise des rapports au monde que nous sommes indéniablement en train de vivre. Il s’agit de comprendre comment utiliser ce lien pour glisser vers un changement de paradigme et faire société autrement.
Cette problématique prend place dans un contexte concret, géographique et culturel qui est celui de la Corée, pays victime des conséquences de cet état du monde, malade d’un certain modernisme, et traversé par une souffrance invisible héritée d’un passé compliqué. Une société qui, aujourd’hui, fabrique de la vulnérabilité à travers un culte de la réussite.
Comment l’architecture peut-elle accompagner cette vulnérabilité et nous réapprendre à être vivant ?
Les enfants coréens sont dès le plus jeune âge poussés à exceller dans le milieu scolaire au détriment de leur santé mentale. Emerge de ce constat la conception d’un lieu de régénération post-hospitalisation / pré-retour au domicile, suite à une dépression de l’adolescent ou du jeune adulte. Il est question de prendre soin, par l’architecture, d’êtres "abîmés" par ce qui les entoure. Offrir cette opportunité, cette épaisseur de temps, de ressourcement qui n’existe plus dans nos sociétés de l’accélération.
Dans cette épaisseur, les patients habiteront un lieu où l’architecture sera celle de l’esprit et du corps. Les séjours dans cet établissement, d’une durée de 2 à 4 saisons, feront l’objet d’un chantier participatif où l’objectif est de construire son lieu de replis. On se régénère par sa relation au milieu et par l’acte de construire. Utiliser l’architecture comme outil d’un processus curatif n’est pas rare, utiliser l’acte de construire son espace domestique dans ce même processus de guérison est plus singulier.
Amenés à construire selon des techniques traditionnelles et à habiter des lieux différents en fonction des saisons, les patients retisseront leur relation à la culture coréenne et à son héritage oublié.
Afin de répondre à ce programme, l’établissement est composé d’un lieu de repli où dormir et prendre soin de soi / se laver, un lieu de repas et de cuisine, un lieu de lecture où l’on peut s’instruire et aborder la partie théorique de la construction, une infirmerie, un lieu de consultation pour suivis psychologiques, un atelier pour le travail du bois et de la terre.
Ce projet prend son sens dans un entre, une zone de friction, un intervalle, entre une ouverture au monde et un retrait, situé dans la banlieue sud de Séoul : Sinbondong, cette ville située au pied de la montagne, entre sauvage et urbanisation.